Salut Freddy,
Surpris, hein ? Et oui, c’est ton vieil oncle qui prend la plume pour t’écrire. Bah, mieux vaut tard que jamais et une fois n’est pas coutume ! Mais trêve de bons mots. Sais-tu d’où je t’écris ? De la chambre d’hôpital où mon frère (ton père, entre parenthèses) est en ce moment locataire. Et devine quoi ? Son opération du cœur s’est passée à merveille ! C’est bien simple, on ne dirait même pas qu’il a été opéré hier matin. Non, parce que si je te précise ce détail, c’est au cas où ça t’intéresserait … vu que tu n’as pas daigné prendre la moindre nouvelle … Il n’y a pas le téléphone au Canada ?
Pour l’instant il dort. Sa respiration est calme. Nous pensons, ta mère et moi – tu te souviens que tu as une mère ? – qu’il se remettra vite et n’encombrera ainsi pas trop longtemps les services hospitaliers toujours surchargés …
Ce double pontage, il l’attendait depuis un moment et figure-toi que sa santé actuelle, aussi bonne qu’elle puisse être, n’a pas toujours été florissante ! On a même cru qu’il allait se retrouver à la morgue, allongé dans un tiroir en inox, le gros orteil orné d’une étiquette ! Dieu merci, nous avons échappé à ce scénario catastrophe.
Ton père va bien. Je ne te parlerai pas de son appétit légendaire, tu le connais. Sache que l’animal a réclamé à manger à corps et à cris dès son réveil ! Il a demandé de la pâtisserie ! Une envie de sucré, a-t-il dit ! Comme une femme enceinte ! Ah, et puis du boudin aussi ! Les infirmières en sont restées interloquées. Bref, comme tu le vois, pas de soucis, il est en forme.
Et pour toi, quoi de neuf ? Poursuis-tu toujours tes études ou as-tu fini par les rattraper ? Et côté filles, as-tu le vent en poupe, marin d’eau douce ?
Ah, ton père se réveille, je vais donc clore ma lettre ici. Ne me fais pas attendre trop longtemps de tes nouvelles, à mon âge, tu sais … Allez, je t’embrasse, mon neveu préféré !
Ton oncle préféré, Lucien.
Bonjour Tonton Lucien,
Je te rassure tout de suite : il y a bien le téléphone au Canada ! Même qu’il est moins cher qu’en France ! Et même que moins d’une heure après la fin de l’opération de papa, j’étais en ligne avec maman (il était 5 h du mat à Montréal : tu noteras l’effort !) Tu vois, ton neveu préféré n’a pas oublié sa famille !
Côté filles, si je te disais que j’ai rencontré une jolie esquimaude aux yeux bridés, qui va me faire visiter l’Alaska sous peu, tu me croirais ? Non et tu aurais raison … Quelle tristesse ! Je vais finir vieux garçon si ça continue …
Bon, il faut que je te laisse pour aller à la poursuite de mes études. A l’occasion, cher tonton, envoie-moi quelques billets, la vie est rude pour un étudiant sans le sou ! Et puis, je ne veux pas embêter mon père avec ça, il doit être en forme le mois prochain, pour les vacances d’été, nos parties de foot me manquent …
Je te serre sur mon cœur, cher oncle préféré (le seul connu de moi !).
Ton neveu préféré (le seul que tu aies !)
Frédéric.
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