J'écris. Pour un blog littéraire, il vaut mieux. J'écris de tout, pour les jeunes, les moins jeunes, des nouvelles, du théâtre, de l'humour et mes humeurs. La liste des courses, alors que d'autres dressent la liste de leurs envies... Mais je vous l'épargnerai ! La liste des courses, je veux dire. Donc, bonjour et bienvenue sur "Ah, vous écrivez ?" mon blog littéraire.
Bonne lecture et n'hésitez pas à laisser vos commentaires, sincères mais courtois !

dimanche 27 mars 2011

Haut les filles !

Nouvelle critique ! Ces deux critiques sont parues sur Agora Vox les 05 février et 05 Avril 2011.


Elles s’appellent Marguerite, Blanche ou Gloria. Aurore, Pia ou Cassiopée. Ou bien encore Salomé ou Lilas. Quelquefois, elles n’ont pas de nom… Elles se font belles, elles cuisinent pour leur chéri, elles travaillent ou elles tiennent la maison. Quelquefois elles sont heureuses, d’autres fois pas tant que ça. Comme celle-ci qui se gave de nourriture jusqu’à la nausée, pour tenter de remplir le vide de sa vie. Ou cette autre qui découvre avec terreur la face cachée de son jeune époux. Mais toutes sont à la recherche de quelque chose. Le bonheur ? Sans doute… mais aussi la reconnaissance ou même une autre vie.
Ces femmes, c’est nous. A travers leurs espoirs et leurs désillusions, l’auteur, Calouan, nous donne à voir leur quotidien, dans un recueil de dix-sept nouvelles au langage épuré, au style simple qui laisse entrevoir par petites touches, les fêlures des personnages (Haut les filles ! édtions Quadrature). Maniant l’humour et l’ironie aussi bien que l’émotion, elle nous entraine avec bonheur à suivre le destin souvent compliqué de ses héroïnes.
Blanche cuisine pour son amoureux parce que sa mère lui a dit « un homme bien nourri reste pour la vie ». Alors elle joue le jeu, pas forcément convaincue… et puis se prend au jeu, y prend plaisir ! Elle attend le jeune homme et nous aussi. Enfin il sonne à la porte…
Gloria est gynécologue. Femme épanouie, heureuse en ménage, elle communique par mail depuis quelques temps avec un homme qui s’occupe d’une association dont elle est membre. Et elle rêve, Gloria, à une possible idylle… elle se retrouve adolescente, soudain palpitante face à tous les possibles…
Pia aussi revit sa jeunesse grâce à la rencontre fortuite avec son premier amour. Pourquoi les choses n’avaient-elles pas marché à l’époque ? Va-t-elle mettre en jeu son mariage, sa famille pour rattraper le temps perdu ?
Au fil des pages du recueil, les nouvelles s’assombrissent. Du mal-être quotidien, banal, à la souffrance, le réel devient pesant.
C’est Anouk qui ne peut faire son deuil au décès de son mari, c’est Oriane qui aime tant la musique et fait une mauvaise rencontre le soir, en rentrant en métro, c’est Claire qui aurait bien aimé ne pas assister à ce repas de Noël en famille, une famille si parfaite…
Calouan nous parle d’amour, de solitude, de désespoir et d’espoir, de malheur dans des textes doux-amer, tendres et lucides. Des textes qu’on ne lâche plus dès la lecture commencée. Pour nous les femmes. Pour vous les hommes.

Calouan : « Haut les filles », éditions Quadrature. 15€.

vendredi 25 mars 2011

Harmonie familiale.

Avec persévérance et force cris, le gamin pleurait depuis près d’un quart d’heure.
—Mais fais taire ton gosse, bon sang !
—MON gosse ! Parce que c’est pas le tien peut-être ? C’est marrant la facilité avec laquelle tu rejettes ta paternité dès que ce gamin est désagréable.
—Charlotte, ça va, on va pas encore s’engueuler ! J’ai mal au crâne…
—C’est sûr, si t’étais pas rentré de tes agapes nocturnes complètement bourré, t’aurais pas mal à la tête.
Philippe soupira, se leva, attrapa l’enfant par la main et quitta la pièce. Charlotte le fatiguait. Il avait bien le droit de s’amuser quand même ! De retrouver ses potes, accueillants, eux, sans subir à chaque retour à la maison le chœur des pleureuses ! Elle et le petit… Pourtant, ils auraient pu vivre harmonieusement, ils étaient jeunes, en bonne santé, ils avaient du boulot, un bel appartement, ils étaient amoureux… Enfin, il le croyait, il voulait encore le croire … Au lieu de cela, il avait en permanence l’impression d’être entravé par un fil à la patte. Il regrettait de plus en plus souvent sa liberté de célibataire. Charlotte le sommait de se montrer toujours à la hauteur, responsable, infaillible, premier de cordée qui la guiderait et la protègerait dans la rude ascension de la vie. Et Philippe aurait bien coupé la corde, laissant tomber dans le vide le duo infernal.
Charlotte avait allumé la télévision et regardait d’un œil distrait un documentaire animalier. Des rires fusèrent par la porte entrouverte. Philippe avait réussi à calmer le petit. La jeune femme balança la télécommande sur le canapé. Elle, elle ne réussissait jamais à venir à bout de son fils. Elle n’avait jamais su y faire, elle se sentait tellement nulle ! Des larmes lui montèrent aux yeux, qu’elle refoula en reniflant avec bruit. Elle se leva d’un bond et vint se planter dans l’encadrement de la porte de la chambre.
Le père et l’enfant, complices, allongés sur la moquette au milieu des petites voitures éparpillées, ne pensaient plus à l’incident. Alors Charlotte, mauvaise, cracha :
—De toute façon, t’avais bien raison de me dire TON gosse, parce que c’est pas le tien ! T’es même pas capable de ça !