Quand vers 9 ou 10 mois, votre bout de chou, d’une petite voix hésitante prononce pour la première fois « maman », vous vous sentez toute chose à l’intérieur, attendrie jusqu’au bout du cœur.
Et puis au fil du temps, vous l’entendrez bien des fois ce mot qui vous désigne. Du premier « mama » béat du bébé qui s’essaye à parler au « maman ! » impérieux du bambin qui exige, il vous sera seriné sur tous les tons, quelquefois jusqu’à l’exaspération, jusqu’à l’envie de ne plus être, juste un instant, celle qui pourvoie à tout et qui doit s’effacer derrière sa progéniture. Etre une maman, avant d’être une femme, et pas que pour 20 ans, comme certains disent…
Sécher les pleurs du petit qui s’est fait mal, calmer la colère du grand que son cadet embête, panser la déception devant le contrôle désastreux et pourtant si bien préparé, discuter jusqu’à pas d’heure sur le monde tel qu’il va avec un ado qui découvre la vie, colmater les maux d’estomac du premier chagrin d’amour avec de l’Efferalgan (totalement inefficace, je vous le dis tout de suite…) aller faire les boutiques et rester des heures dans les magasins de chaussures avant de ressortir sans rien, remettre la chaine du vélo qui a déraillé, recoudre les boutons de la veste qu’on vient d’acheter, supporter les portes qui claquent parce qu’on a osé dire « non ! », s’entendre dire que les autres mamans sont bien plus cool, que les copains, eux, ont le droit de faire ce qu’ils veulent, que les copines, elles, sortent le soir à 12 ans, aller voir les profs et entendre encore, la honte au front, que « non, ça ne peut pas continuer comme ça ! » … S’emporter, crier, lever la main quelquefois, douter, s’inquiéter, pleurer aussi, lorsqu’ils sont couchés… C’est tout ça être maman. C’est aussi couvrir de bisous un bambin qui rit aux éclats sous la chatouille, c’est le regarder se barbouiller de fraise et en réclamer encore, c’est courir dans le jardin en poussant des cris pour échapper au tuyau d’arrosage, c’est attraper des fous rires monstrueux juste au moment où il ne faudrait pas, c’est se regarder et savoir, sans rien se dire, qu’on pense la même chose, c’est danser sur les mêmes airs, essayer les mêmes vêtements, regarder les mêmes séries débiles, les critiquer et en rire, c’est faire des gâteaux d’anniversaire, le prendre dans ses bras et respirer son odeur sucrée de petit d’homme, serrer bien fort sa main dans la vôtre le premier jour d’école et le laisser aller, comme un grand qu’il dit déjà être, c’est acheter du maquillage parce que… oui, elle a l’âge, déjà… c’est… tellement de choses… tellement plus que ça… C’est vouloir quelquefois que le temps les fasse grandir plus vite, et puis qu’il les fasse redevenir petits… c’est contradictoire une maman, c’est imparfait, pas toujours adroit, pas toujours juste non plus, c’est pas comme dans les livres de Dolto, une maman, ça s’énerve plus souvent qu’il ne faudrait, oui… mais c’est leur maman, elle et pas une autre, la leur, la seule… c’est moi.
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