Lundi, 6h du matin.
Je me croise pour la première fois de la journée dans le miroir de ma salle de bain et là, le choc ! La peur de ma vie ! Entre le moment où je me suis couchée, deux heures plus tôt et celui où je me lève, deux heures plus tard, j’ai pris dix ans ! Un saut dans le temps digne de « Retour vers le futur ». De larges sillons s’étalent en éventail sur mes tempes et mes joues et deux creux (crevasses ?) descendent du coin de mon nez au coin de mes lèvres. Mon menton semble perdu dans les contours flasques de mon visage. Et mon teint, d’ordinaire rose et frais, me fait penser à la peinture beigeasse et terne du hall d’entrée, peinture qu’on aurait dû rafraichir depuis des lustres. Sans parler des valises que je transporte sous mes yeux, tellement lourdes que je me laisse tomber sur un tabouret, découragée. Aucun doute, j’ai l’air d’un vieux chiffon… Bref, de quoi être terrifiée. Heureusement, j’ai évité de crier : l’homme de ma vie dort encore dans la chambre à côté et je ne voudrais surtout pas qu’il accoure et découvre qu’il a passé la nuit avec ma sœur ainée… ou ma grand-mère !
Mais je ne dois pas me laisser aller, il faut que je réagisse. J’entreprends donc un ravalement de façade en règle. Une bonne couche de crème anti-âge, une de fond de teint liftant et dix minutes de maquillage des yeux plus tard, j’ai réintégré mon âge et je peux aller prendre le peti dèj avec mon cher et tendre, réveillé, sans risquer de le faire fuir.
Néanmoins, je m’interroge : il y a quelques temps, j’ai vu à la télé une émission sur la médecine esthétique. Peut-être l’ère Botox est-elle arrivée pour moi ? Songeuse, je me, dis en trempant ma tartine dans mon café au lait, que je devrais me renseigner.
Ainsi, le premier geste que je fais le soir en rentrant d’une journée passée à somnoler en réunion est d’allumer mon ordinateur et d’aller demander conseil à mon copain Google. Il en sait des choses, le Google et bientôt, l’acide hyaluronique, la carboxythérapie du visage, le mésolift et… le reste n’ont plus de secret pour moi. Assez tentant, bien que plutôt cher…
Lundi, minuit.
Bien au chaud sous la couette, confortablement blottie dans les bras de mon amoureux, je lui pose négligemment la question :
—Tu en penses quoi, toi, de la médecine esthétique ?
Le bond dans le lit me fait sursauter. Mon chéri me fixe, une lueur de panique dans le regard :
—Pourquoi, tu trouves que je fais si vieux que ça ?
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