Avec persévérance et force cris, le gamin pleurait depuis près d’un quart d’heure.
—Mais fais taire ton gosse, bon sang !
—MON gosse ! Parce que c’est pas le tien peut-être ? C’est marrant la facilité avec laquelle tu rejettes ta paternité dès que ce gamin est désagréable.
—Charlotte, ça va, on va pas encore s’engueuler ! J’ai mal au crâne…
—C’est sûr, si t’étais pas rentré de tes agapes nocturnes complètement bourré, t’aurais pas mal à la tête.
Philippe soupira, se leva, attrapa l’enfant par la main et quitta la pièce. Charlotte le fatiguait. Il avait bien le droit de s’amuser quand même ! De retrouver ses potes, accueillants, eux, sans subir à chaque retour à la maison le chœur des pleureuses ! Elle et le petit… Pourtant, ils auraient pu vivre harmonieusement, ils étaient jeunes, en bonne santé, ils avaient du boulot, un bel appartement, ils étaient amoureux… Enfin, il le croyait, il voulait encore le croire … Au lieu de cela, il avait en permanence l’impression d’être entravé par un fil à la patte. Il regrettait de plus en plus souvent sa liberté de célibataire. Charlotte le sommait de se montrer toujours à la hauteur, responsable, infaillible, premier de cordée qui la guiderait et la protègerait dans la rude ascension de la vie. Et Philippe aurait bien coupé la corde, laissant tomber dans le vide le duo infernal.
Charlotte avait allumé la télévision et regardait d’un œil distrait un documentaire animalier. Des rires fusèrent par la porte entrouverte. Philippe avait réussi à calmer le petit. La jeune femme balança la télécommande sur le canapé. Elle, elle ne réussissait jamais à venir à bout de son fils. Elle n’avait jamais su y faire, elle se sentait tellement nulle ! Des larmes lui montèrent aux yeux, qu’elle refoula en reniflant avec bruit. Elle se leva d’un bond et vint se planter dans l’encadrement de la porte de la chambre.
Le père et l’enfant, complices, allongés sur la moquette au milieu des petites voitures éparpillées, ne pensaient plus à l’incident. Alors Charlotte, mauvaise, cracha :
—De toute façon, t’avais bien raison de me dire TON gosse, parce que c’est pas le tien ! T’es même pas capable de ça !
Outch la fin, dur pour le "papa" !
RépondreSupprimerCéleste