J'écris. Pour un blog littéraire, il vaut mieux. J'écris de tout, pour les jeunes, les moins jeunes, des nouvelles, du théâtre, de l'humour et mes humeurs. La liste des courses, alors que d'autres dressent la liste de leurs envies... Mais je vous l'épargnerai ! La liste des courses, je veux dire. Donc, bonjour et bienvenue sur "Ah, vous écrivez ?" mon blog littéraire.
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lundi 16 décembre 2013

Rouge



Elle aime le rouge. Les roses, la colère et la tyrannie, le sang. Elle, c’est ma femme, la Dame de cœur. « Qu’on lui coupe la tête ! » est sa phrase préférée. Elle veut et elle exige et le peuple obtempère, tétanisé. Ses désirs sont des ordres et nul ne s’avise de la contredire, sous peine de mort. Moi ? On ne m’écoute pas, je ne suis que le Roi de trèfle, le pauvre nigaud qui a, un jour de printemps, épousé celle qu’elle n’était pas encore, la dame qui lui a donné son cœur. La douce qui cultivait son jardin et voulait éradiquer les épines des roses. Mais les épines ont gagné et ont éradiqué sa douceur, ne laissant derrière elles que des égratignures. Alors, je joue aux cartes. Je marie les couleurs, je crée des couples avec des doubles, huit de carreau avec huit de cœur, dix de trèfle avec dix de pique. Mais le valet de pique et le valet de trèfle ne s’entendent pas. « Je ne veux pas d’un pouilleux ! » s’exclame ce dernier. Dès lors, le divorce est consommé et celui qui héritera du valet de pique en mariage sera torturé. Impitoyablement. C’est la Dame de cœur qui l’a décidé. Aurais-je dû choisir le Roi de pique comme compagnon ? Mais le pique pique, comme le cœur coupe. Et je saigne. Pas moyen de sortir de ce jeu de cartes ! Assis sur mon trône, je joue nuit et jour, contre moi-même. Elle, elle coupe des têtes. Un jour… un jour peut-être, ce jeu à sens unique cessera et la circulation à double-sens reprendra. Pour l’instant, mon double est prisonnier de ce miroir dans lequel je m’affronte, je me confronte. J’ai décidé de passer de l’autre côté, de le rejoindre enfin. Les éclats luisent sur ma main, sur mon bras, sur tout mon corps meurtri. Rouge. Rouge sang. Comme elle aime. Et qu’on me coupe la tête…

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