« Eh, mais, c’est qu’il bouge plus le bougre ! Pourtant, j’y suis pas allé si fort que ça, faut pas exagérer ! Il est sans doute groggy, c’est tout. Un bon seau de flotte sur la caboche et j’men vais te l’réveiller ! C’est bizarre quand même, il est si immobile … On dirait que … Merde, il respire plus ! Bon sang, je crois que je l’ai tué ! Merde, merde et merde ! Quelle guigne ! Qu’est-ce que je vais faire maintenant ? Ah, la poisse ! Fallait que ça m’arrive à moi ! Et le Fernand qui va se pointer d’un moment à l’autre pour m’aider à décharger le camion ! Faut pas qu’il voie ça ! Il est con le Fernand, il irait raconter ça à tout le village aussitôt sorti d’ici. Déjà qu’avec ma réputation … celle de meurtrier par dessus le marché ! Meurtrier ! Putain ! Pour quelques coups de pieds ! Sûr qu’il y en a eu un de mal placé qui l’a achevé, j’vois pas, autrement, parce que franchement, j’y suis pas allé si fort, ça non !
Bon, c’est pas l’tout, mais faut que je cache le corps avant que le Fernand ramène sa fraise. Mais où je vais le mettre ? Pas dans la grange, c’est sûr, on va décharger là. Bon sang, faut que j’me dépêche ! Et si je l’enterrais ? Dans le petit bois ! Ni vu ni connu, qui c’est qui irait le chercher là ? Pas le Fernand, en tous cas . Ni le Dédé. Quoique, le Dédé … L’est futé quelquefois ! Il pourrait me demander où il est et je lui répondrais quoi, moi ? C’est bien beau mon idée, mais là, maintenant, j’ai pas le temps de l’enterrer ! En plus, il a pas plu depuis dix jours, le sol doit être en béton, alors creuser …
Oh et puis merde, je règlerai ça plus tard : une chose après l’autre.
Je sais ! En attendant, je vais planquer mon cadavre derrière le hangar, entre le mur et le tas de ferraille du Jojo. Dire que j’ai râlé comme un voleur pour que le Jojo il vienne me débarrasser sa carcasse de bagnole pourrie ! Ben ça m’arrange bien qu’il soit pas venu ! Ah, c’est trop drôle ! S’il savait ça, le Jojo, sa tire qui va servir de planque à un macchabée ! Je me marre !
Bon, c’est pas l’tout, mon Nanard, bouge tes fesses !
Ouh ! Ce qu’il est lourd, le bougre ! Et il est encore chaud, beurk ! Ça me dégoûte ! Aussi il avait qu’à pas être aussi têtu, aussi collant ! Chiant, quoi ! Sans ça, je lui aurais pas flanqué sa rouste. Moi, faut pas me chercher, parce qu’on me trouve ! Et ça peut faire mal ! Putain, il pèse des tonnes, un vrai poids mort !
Ah, ça y est enfin. Je vais jeter cette vieille bâche sur le corps et j’irais me laver les mains. Le Fernand il va pas tarder, faut qu’il soupçonne rien, faut que je sois normal. Ah, quelle poisse ! J’ai pas de veine, quand même ! J’aurais p’têtre pas dû frapper si fort. Et puis avec tout ça, c’est râpé cette année pour l’ouverture de la chasse ! Je crois qu’il va me manquer. Faut dire qu’il y a pas mieux que les cockers spaniel anglais comme leveurs. Ils ont peur de rien ces chiens-là. Mais trop nerveux ! Décidément trop nerveux, c’est vrai quoi !
Tiens, v’là le Fernand ! »
Pauvre chien... !
RépondreSupprimerCéleste